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Harman RED 125 : le film redscale

Harman RED 125 

Le monde de la photographie argentique continue de renaître avec des films qui expérimentent les couleurs, les effets, et la lumière d’une manière différente. Parmi ceux-ci, Harman RED 125 se distingue comme un film “redscale” — un film couleur négatif inversé (côté arrière), qui donne des teintes rouges-orangées, jaunes, vertes particulières. L’autre jour, j’ai testé ce film, et voici ce que j’ai appris, aimé, les limites, et comment l’utiliser au mieux.


Qu’est-ce que “redscale” ?

Avant d’entrer dans les détails, petit rappel :

  • “Redscale” signifie que l’on expose la pellicule par sa face arrière, de sorte que la lumière traverse la base du film avant d’atteindre les couches sensibles à la lumière (rouge, verte, bleue).
  • En redscale, la couche bleue est fortement atténuée, ce qui crée une dominance des rouges, oranges et jaunes.
  • C’est un effet artistique, moins réaliste, souvent utilisé pour donner une ambiance “dystopique”, rétro, chaude, ou simplement expérimentale.

Les caractéristiques techniques de Harman RED 125

CaractéristiqueDétail
MarqueHarman Technology (Mobberley, Royaume-Uni)
SensibilitéISO 125 
Format35 mm, 36 poses.
Chimie de développementC-41 standard (couleur négatif)
Caractéristiques de l’émulsion / base· Base claire – ce qui aide à minimiser la perte de vitesse due à la base. CineStill Film+1 
· Grande sensibilité aux couches rouge et verte. 
· Pas de couche anti-halation (anti-halation layer) — cela peut avoir un impact sur les reflets ou les halos lumineux.
Limité/édition spéciale ?Oui — Harman RED 125 est présenté comme une édition “limitée” basée sur l’émulsion Phoenix 200, qui est leur nouvelle ligne de film couleur.


Mes impressions 

Voici ce que j’ai remarqué, ce que j’aime :

  1. Couleurs évocatrices
    Les teintes sont très dominées par le rouge, l’orange, le jaune, parfois du vert dans les ombres ou dans certains objets réfléchissants. Cela crée une atmosphère très particulière, qui se prête bien aux portraits, aux scènes urbaines, ou aux environnements où le rouge peut souligner une ambiance forte.
  2. Contraste intéressant
    Sans couche anti-halation, les lumières fortes peuvent causer des halos ou des “fuites” lumineuses, ce qui ajoute au charme, mais cela demande de bien maîtriser l’exposition dans les hautes lumières. Les zones sombres peuvent tirer vers le vert ou le noir selon la composition de la lumière.
  3. Utilisation simplifiée
    Comme il s’agit d’un film négatif couleur standard (C-41), il n’y a pas de procédure exotique : tu l’exposes, tu le développes comme un film couleur “normal”. Cela permet de l’intégrer dans son workflow avec moins de complications.
  4. Effet artistique très marqué
    Si tu veux un rendu naturel, ce n’est pas le film pour ça. Mais si tu veux expérimenter, créer quelque chose d’un peu surréaliste ou jouer avec la lumière d’une manière non conventionnelle, c’est très fort.


Limitations et pièges à connaître

Comme pour tout film “spécial”, il y a des compromis :

  • Comme je le disais, pas de couche anti-halation : cela peut entraîner des reflets indésirables ou des lumières parasites dans certaines conditions. Il faut bien faire attention aux sources de lumière latérales ou arrière.
  • La plage dynamique dans les hautes lumières est plus réduite que dans un film couleur ordinaire — les sur-expositions peuvent virer rapidement à des aplats rouges ou oranges écrasés.
  • Sensibilité effective parfois peu fiable en redscale : même si le film est déclaré ISO 125, dans certaines conditions la perte de lumière via la base peut nécessiter de sous-exposer / sur-exposer un peu pour obtenir le rendu souhaité.
  • Couleurs “étranges” : les verts, les bleus (quand ils apparaissent) ne seront pas “justes”. Si beaucoup de bleu dans la scène, cela va paraître “bizarre” ou très dominé rouge/jaune.
  • Limité en disponibilité : étant une édition spéciale, il y a le risque de rupture de stock ou d’attente pour le format 120 (si jamais il sort) etc. CineStill Film+1


Conseil​s d’utilisation

Pour en tirer le meilleur de Harman RED 125 :

  1. Exposition
    • Tester avec ton boîtier : essaye une ou deux expositions tests pour voir comment il réagit dans tes conditions de lumière.
    • Prévoir de sous-exposer un peu si le ciel est très lumineux ou que tu as des zones très claires.
  2. Choix des sujets
    • Scènes avec beaucoup de lumière dorée, soleil couchant, ambiances “rouges / or” : parfait.
    • Urbain la nuit, éclairages artificiels : très bon terrain de jeu, les néons donnent souvent des reflets et des contrastes super intéressants.
    • Éviter les scènes dominées de bleu ou de ciel très clair sans nuages si tu veux un rendu plus "riche".
  3. Développement & scan
    • Développer en C-41 standard.
    • Lors du scan, tu peux ajuster les niveaux ou la balance des couleurs pour modifier l’intensité des rouges vs verts selon l’effet souhaité.
    • Si scanner maison : faire attention au “cleaning” du scan des poussières, car les hautes lumières peuvent dévoiler des défauts.
  4. Créativité
    • Utiliser des filtres ou des accessoires lumineux : jeux d’ombres, lumière traversante, contre-jour.
    • Jouer sur le cadrage et la composition pour exploiter les contrastes naturels.
    • Penser à des projets thématiques : emotions, chaleur, contrastes de saisons, etc.

Exemples visuels / inspiration







Conclusion

Harman RED 125 est un film spécial, plus orienté art que réalisme. Si tu cherches à explorer, à créer des images avec une identité forte, une ambiance colorée, surréaliste, il t’offre beaucoup de possibilités. Si ton but est la précision colorimétrique ou un rendu fidèle, il faudra accepter les limitations ou le contourner via le scan / post-production.


Harman RED 125 : le film redscale
Studio Baxton, Studio Baxton 15 septembre 2025
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